Assumpta est, Virgo Maria…, chante la liturgie de l’église latine en l’honneur de la vierge Marie élevée au ciel. Dans toute la rigueur de sa définition par Pie XII (en 1950), ce dogme de foi précise bien: « élévation miraculeuse et présence corporelle au ciel ». (« Ciel » écrit avec une majuscule permettrait au moins une certaine symbolisation.)
Et voilà, paradoxe ! Toute une page des Dernières Nouvelles d’Alsace du 14 août 2020, signée Justine Benoît, que le quotidien d’Alsace, se voulant pourtant laïque, et, à l’origine, essentiellement d’inspiration protestante, a consacré, dès la veille de l’Assomption, à un problème religieux de taille: « Pourquoi l’Eglise peine à se réformer ? »
…Cet intérêt de plus en plus vif pour des questions d’ordre théologique-ecclesial serait-il une conséquence de la pandémie qui frappe l’humanité ?
Ou faut-il y voir surtout un souhait, légitime, de femmes cherchant à être elles-aussi admises dans l’ordre sacré des prêtres, celui qui donne du pouvoir spirituel, et dans lequel ces épouses et mères auraient certes « beaucoup de choses à dire » aux croyants restés de simples fidèles ?
Oui, bien des choses seraient à relever dans ce bel ensemble de questions et de réponses, y compris dans la partie réservée à Marie-Jo Thiel, professeure d’éthique et de théologie morale à l’université de Strasbourg. Ce qui surprend le plus de la part de ces femmes encore assez jeunes – l’âge idéal pour être promues évêques ? – c’est qu’aucune d’elles ne semble regretter que la Vierge Marie ait depuis toujours été frustrée de ses droits d’auteure par messieurs les prédicateurs, notamment concernant le Magnificat (« Mon âme exalte le Seigneur… ») – mais pas uniquement, aussi à mon avis tout le récit des enfances, celui de Jésus le Nazôréen et celui de Jean son cousin, le futur Baptiste mais avant tout précurseur du Christ eschatologique; oui, même le troisième évangile dans sa totalité, toujours attribué à un certain Saint Luc, alors que le médecin de Paul n’a écrit, d’après le style respectif de l’une et l’autre oeuvre, ‘que’ des Actes d’Apôtres, et encore peut-être pas en entier.
N’oublions pas ce que dit madame Thiel, que « l’Eglise (romaine) a mis plus de deux siècles à se structurer ». Comprenant que la Parousie ne viendrait que dans un avenir encore lointain, parce que le Royaume de Dieu, il fallait bien tenter de le construire pas à pas. Donc, la dite auto-structuration n’a pas pu se passer de toute espèce d’adaptations du Texte sacré, de traductions passant du grec au latin, non parfois sans de graves déviances du sens ! La Réforme, puis la Contre-réforme n’ont fait qu’accentuer, d’ailleurs d’un commun accord sans doute tacite, ce recours à la contre-véridicité.
A la suite du Concile Vatican II, les deux papes qui se sont succédé, Paul VI et Jean-Paul II, ont dû se résigner: ils ne pouvaient qu’espérer « l’ordination des femmes » en signe d’un rapprochement œcuménique, mais la réalisation du « plan de Dieu » devait primer, caractérisé par une intervention divine, à savoir l’envoi préalable du fils de l’homme de la Fin des Temps. Cet ultime Elie (objection des scribes, relayée par les trois grands disciples, Pierre, Jacques et Jean ayant assisté à la transfiguration de leur Maître ), il devait venir d’abord, Mt 17-11; Mc 9,11-13, de façon que l’Ecriture Sainte, la Tora, soit clôturée selon les règles, cf. Mt 3,23-24, et désigné ipso facto le Christ-Messie, « ressuscitant » en ce début du 3ème millénaire de l’ère Chrétienne.
Pour la réconciliation entre humains de bonne volonté, adorateurs du seul Dieu, Juifs, Catholiques, Protestants, Orthodoxes, vrais musulmans… Et pour le sauvetage de la Terre…
François-Xavier SCHLIENGER, Lingolsheim.